Championnat du monde de course de montagne 2016
Le 11 septembre avait lieu les championnats du monde de course de montagne à Sapareva Banya en Bulgarie. Il s’agissait de mes deuxièmes championnats du monde après ceux au Pays de Galles en 2015 (19e).
Cette année, étant en dernière année junior, j’avais à cœur de bien faire.
C’est donc depuis le 20 août que chacun de mes entraînements était planifié dans le but d’être prêt le jour J.
Nous sommes arrivés à Sofia à 20h le vendredi. Le temps de nous rendre à notre hôtel à Sapareva Banya, il était déjà plus de 22h.
Le lendemain matin, nous nous sommes rendus sur le parcours, ou plutôt, nous l’avons survolé. Nous avons emprunté un télésiège qui surplombait les 2 derniers kilomètres (sur les 7.5 que doivent accomplir les juniors), les plus importants à mon goût avec les 2 premiers kilomètres.
Nous redescendons donc en télésiège, puis en bus jusque l’hôtel.
Le soir avait lieu la traditionnelle cérémonie d’ouverture ; défilé, mots de bienvenue, petit aperçu des traditions locales,…
Quelques mots sur Sapareva, c’est une ville de pleine qui nous a semblé très pauvre. Les maisons sont inachevées, les voitures plus très récentes, les remontées mécaniques sommaires, très peu de gens parlent anglais, seuls les hôtels semblent « en vie ». C’est peut être bien l’expression qui convient.
Dimanche, je ne sais pas pourquoi mais je ne me sens pas très bien, mon père me dira après la course qu’il avait eu peur pour moi en me voyant avant la course.
Mais ce n’est pas le moment de se demander si tout va bien. Avant une course, tout va bien, cela ne sert à rien de se lamenter sur son soi-disant mauvais état de fraîcheur, partir perdant n’est pas la solution.
Je pars donc reconnaître les premiers kilomètres afin de savoir s’il vaut mieux prendre un départ rapide ou partir plus prudemment. Le départ se donne sur une route goudronnée, mais rapidement on part à gauche sur un petit sentier. Je me dis donc que je préfère être bien placé sur cette première partie. Après ce petit sentier d’un ou deux kilomètres, on emprunte à nouveau une route goudronnée, puis une route forestière. Partir trop lentement sur un tel parcours pourrait être pénalisant, car il faudrait ensuite fournir un gros effort sur ces routes peu raides. Effort que l’on paierait par la suite lorsque la pente devient très raide à 2km de l’arrivée. Les derniers 1200m sont à mon avis, la partie déterminante, en effet, la pente n’est pas extrêmement raide mais si l’on a trop fourni d’effort précédemment, on risque de marcher quelques pas sur cette partie, alors que d’autres seraient encore en mesure de courir et ainsi creuser un écart significatif si proche de l’arrivée.
L’heure de départ est arrivée, chaque coureur s’enferme dans sa bulle et attend le signal sonore.
Au départ, nous sommes partis très vite comme je m’y attendais, mais je ne parviens pas à être tout devant. Nous sommes 65 coureurs à la queue sur ce petit sentier, le rythme est tel qu’il n’y a pas vraiment besoin de dépasser. Je reste donc environ en 20e position mais les ceux qui me précèdent sont seulement quelques mètres devant moi. C’est sur les 500 mètres de route goudronnée que je tente de revenir sur ces coureurs. On voit rapidement que certains d’entre eux n’ont pas l’habitude du plat. J’ai donc tenté de faire valoir ma vitesse, ce qui me permet de reprendre une petite dizaine de coureurs sans trop d’efforts. Je fais les trois derniers kilomètres avec un Nouveau-Zélandais et un Américain. Aucun moment de répit n’est admis. L’américain à l’aise sur le plat, semble avoir plus difficile lorsque la pente s’élève, alors que le Nouveau-Zélandais semble dans son élément. Je parviens à courir dans les derniers 1200 mètres, mais Je n’arrive plus à suivre le Nouveau-Zélandais. Je me concentre sur ma position. A ce moment, je n’ai aucune idée de ma place, je ne sais pas combien de coureurs sont devant. Franchissant la ligne en 10e position, fier de moi et de la façon dont j’ai couru, je tombe par terre, heureux.
Quelques chiffres : 7,3km de course et 800m de dénivelé en 38′, ce qui fait une moyenne de plus de 11km/h !
Je suis vraiment super heureux de cette performance ! Mes trois gros objectifs de la saison ont tous été de brillants succès ! (Rappel: 5ème Ch. Europe, 2e Sierre-Zinal, et 10ème de ces mondiaux).
Autre grande satisfaction : je sais désormais pourquoi je me sens si mal après les courses (violents maux de ventres, cf. Sierre-Zinal). Il s’agit d’une intolérance au lactose. J’ai bien fait d’arrêter le lactose depuis le 15 août !
Après la cérémonie de clôture et des feux d’artifices, lundi est déjà le jour du retour. Mais dans ma tête, je ne quitterai jamais ce moment de pur bonheur de l’arrivée.